Les chiffonniers


Qui sont-ils ?

Les chiffonniers sont appelés les "Zabalin" (zabalin vient de zabala qui veut dire poubelle en arabe du Caire), ils constituent une des classes les plus méprisées de la société cairote. Ils viennent, pour la plupart de Haute ou de Moyenne Égypte. Régions qu’ils ont fuies pour diverses raisons. Ils sont de religion musulmane et copte. Ils sont environ 100 000 au Caire, répartis dans 7 bidonvilles dont 8 000 à Ezbet El-Nakhl quartier situé au nord du Caire.

Conditions de vie, le métier

Leurs conditions de vie sont très difficiles, ils vivent dans les ordures qu’ils ramassent dans les maisons du Caire. Ils viennent tous les jours, enlever les ordures dans chaque immeuble, à chaque étage. Ils ramassent tout, ne jettent rien et rapportent tout. Ils déversent le contenu des charrettes dans les ruelles où ils habitent, et ensuite, ce sont les femmes et les enfants qui trient les déchets. Ils vivent de la récupération et du recyclage. Ils utilisent ce qui est réutilisable, les restes vivriers servent à nourrir les cochons, ils revendent ce qui peut l’être encore et entassent le reste. Ce sont des familles analphabètes et sans aucune qualification professionnelle, les mots "vacances" ou "repos" leur sont inconnus.

C’est une vie extrêmement dure, vous ne pouvez pas imaginer la misère existante, sauf si vous venez à Ezbet El-Nakhl, vous y verrez des centaines de cabanes en tôle trouée par la rouille, des enclos où vivent des cochons noirs. Il y a encore peu de temps, il n’y avait ni eau ni électricité. Mais la rencontre avec tous ces gens sera extraordinaire, grâce à leur extrême gentillesse, vous oublierez que vous marchez sur des ordures, parmi les charrettes et les ânes, les chiens, les chats, pour ne voir autour de vous, que de nombreux d’enfants qui ne demandent rien - si ce n’est qu’un sourire ou un peu d’affection.

Le recyclage

Chaque mois, ils récupèrent :
  • 2 000 tonnes de vieux papiers qui, recyclés produisent 1 500 tonnes de papier et de carton.
  • Les chiffons deviennent des tentures et des couvertures.
  • Les boîtes de conserves, comprimées et soudées se transforment en casseroles, rivets, jouets et même en pièces mécaniques.
  • L’intérieur des couches pour bébés est utilisé (après lavage) pour faire du rembourrage de sièges et de coussins.
  • Le plastique, un nombre considérable d’objets mais en autre, épingles à linge, jouets et portemanteaux.
  • Le verre est vendu aux souffleurs de verre.

Les opérations de triage sont si minutieuses qu’ils vont jusqu’à ouvrir les piles sèches pour en extraire les crayons de graphite... Tous ces matériaux sont récupérés par des marchands en gros qui réalisent de substantiels bénéfices. Il faut aussi savoir, qu’en 1998 [1], le revenu mensuel d’une famille de Chiffonnier était d’environ 300 LE (env. 40 €), à condition qu’elle ait pu se spécialiser dans la vente d’un produit recyclable, que la famille soit nombreuse... et que les enfants travaillent... Car, sans eux, tout ce système incroyable, de ramassage et recyclage des ordures s’effondrerait. C’est grâce aux gamins, à leurs ânes et à leur charrette que le Caire est, dans l’ensemble débarrassé de toutes ces immondices. Mais ce, au prix d’une violation quotidienne des droits universels de l’enfant à l’éducation et aux soins : c’est très cher payé par le petit peuple cairote !...... Il n’est pas question pour notre association de changer leur vie, mais de mettre tout en œuvre pour l’améliorer.


[1] La plupart des chiffres donnés ici proviennent du Service de Documentation de l’Institut d’Études Politiques de Lyon (I.E.P.).(pas de statistiques plus récentes).