Ezbet El Nakhl


Le quartier

Sœur Emmanuelle fut la première Européenne à s’occuper des chiffonniers d’Ezbet El-Nakhl. En 1971, à l’âge de la retraite, après avoir été professeur de philosophie à Istanbul, Tunis et Alexandrie, elle décide de venir vivre à Ezbet El-Nakhl. Et c’est dans une cabane du bidonville, parmi ces pauvres qu’elle découvre la solidarité et l’amour ! Elle dit : "Au Caire, la tête dans les étoiles et les pieds dans les ordures, je me sentais entourée d’un monde presque harmonieux".

Dès son arrivée, elle entreprend un travail titanesque : tout est à faire et dans l’urgence. Ses priorités vont à la santé et à l’éducation des enfants. A cette époque de nombreux enfants mouraient du tétanos (maladie pratiquement disparue aujourd’hui) et les enfants n’étaient pas scolarisés. D’accès difficile et loin de tout, ce bidonville où tout a commencé est aussi celui qui a le moins évolué, un peu délaissé au profit de d’autres lieux encore plus en détresse à l’époque. Malgré 20 ans de lutte pour la dignité humaine et la sauvegarde des droits élémentaires, comme la santé et l’éducation, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir... Et encore aujourd’hui, avec ses 8 000 chiffonniers c’est un des quartiers le plus mal considéré au Caire.

Le Centre Salam

En 1980, Madame Sadate, épouse du Président, inaugure le Centre Salam. Il s’agit d’un Centre polyvalent avec un dispensaire où une vingtaine de médecins bénévoles donnent des soins, une maternité, une nursery, un centre pour handicapés, des ateliers professionnels et un club social. Puis, une petite école Mahaba school à la lisière même de la zone des poubelles. A son départ, Sœur Emmanuelle a confié la direction du Centre à la congrégation orthodoxe égyptienne "Les filles de Marie", qui poursuivent les actions. Chaque année, Mahaba school accueille désormais plus de 1 600 élèves mais ça ne suffit pas, actuellement 800 enfants en âge scolaire restent chez eux par manque de structures.

Le Centre a développé de nouvelles actions, en direction notamment des handicapés qui ont maintenant une école spécialisée et un pensionnat. Une équipe tente de délivrer des cartes d’identité à ceux qui en font la demande, et une clinique de pédiatrique a vue le jour avec une mission pédagogique auprès des mamans.

Un hôpital est actuellement en construction, avec un centre de formation afin de pouvoir employer des gens issus du quartier et leur donner de nouvelles opportunités.

C’est d’ailleurs dans les locaux du Centre Salam que l’A.E.E.N. exerce ses missions.

Le Docteur Adel

Le Docteur Adel Abd El Malek Ghali est présent au dispensaire du Centre Salam depuis les débuts.

Un jour, il a croisé Sœur Emmanuelle qui lui a demandé d’offrir un peu de son temps au Chiffonniers. Une seule visite a suffit pour le convaincre d’abandonner sa carrière et de se consacrer exclusivement aux Chiffonniers, et ce depuis plus de 25 ans. Dans le quartier, tout le monde le connait, avec son sac plastique contenant le précieux stéthoscope, les médicaments à distribuer et un bloc d’ordonnances à rédiger dans n’importe quelle circonstance. Avec toujours un mot gentil ou une parole réconfortante, il connait tous les problèmes de leur quotidien, auxquels il tente d’apporter des solutions. C’est son inépuisable volonté, son abnégation et son désir d’aller toujours de l’avant qui permettent de continuer la lutte sans perdre espoir.